Mma Ramotswe détective, par Alexander McCall Smith

 

Envie de lecture légère, vivifiante et douce comme un rayon de soleil ?

 

Découvrez l’agence de détectives de Mma Ramotswe !

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Mma Ramotswe est une femme délicieuse découverte au détour de mes vagabondages dans les rayons de la bibliothèque de Juliette, grande dévoreuse de bons bouquins en tous genres.

Rien n’abat Mma Ramotswe, femme solaire pourtant peu épargnée par le destin, qui refuse de s’attarder dans l’amertume ou la tristesse malgré les coups du sort (un divorce sordide et la mort de son petit bébé). Au décès de son père, ancien mineur, elle décide de se lancer dans l’aventure de sa vie : l’ouverture de « l’Agence N°1 des Dames Détectives» de son « pays bien aimé », le Botswana.

A bord de sa camionnette blanche, elle sillonne les routes poussiéreuses du Kalahari et les rues encombrées de Gaborone, la capitale, à la recherche d’indices et de solutions pour régler les mystères les plus épais, débrouiller les écheveaux les plus complexes.

C’était une bonne enquêtrice et une femme de bien. Une femme de bien dans un pays de bien, pourrait-on dire. Elle aimait son pays, le Botswana, qui était une terre de paix, et elle aimait l’Afrique pour toutes ses vicissitudes (…) « C’est mon peuple, ce sont mes frères et sœurs. Il est de mon devoir de les aider à élucider les mystères de leur existence. Telle est ma vocation ».

 

On croisera un médecin malhonnête, un mari infidèle, un père trop soupçonneux, une jeune femme indépendante, des crocodiles, un serpent et même une étrange affaire de sorcellerie. Tout ceci résolu avec le bon sens, la finesse et la force intérieure inébranlable de Mma Ramotswe

Rebondissements et suspense des affaires sont certes savoureux en soi, mais ce qui fait tout le charme de ce livre merveilleux, c’est la personnalité de son héroïne et le style de son auteur, tout en émotion retenue et en fantaisie.

 

 

Un style délicieux et sensible

 

Voici deux extraits de ce petit bonheur de lecture, premier opus d’une longue série d’enquêtes : à envisager pour de bons moments de lecture estivale !

 

1/ Sur le quotidien bien organisé de Mma Ramotswe, Precious de son prénom :

Ce matin-là, Mma Ramotswe alla faire des courses. Le rituel du samedi matin était sacré : elle se rendait au supermarché de l’African Mall, puis achetait ses fruits et légumes à la femme qui installait son étal sur le trottoir, devant la pharmacie. Ensuite, elle prenait un café avec des amis à l’hôtel President avant de rentrer chez elle, où elle buvait un demi-bière de Lion Beer assise sous sa véranda, en lisant le journal. En tant que détective, elle se devait d’éplucher les nouvelles et d’entreposer les faits dans un coin de son cerveau. Tout lui semblait utile, jusqu’à la dernière ligne des discours politiques prévisibles ou des communiqués des églises. On ne savait jamais : à tout moment, un fragment de connaissance de la vie locale pouvait se révéler crucial.

 

(…)

2/ Sur la résolution heureuse d’un enlèvement d’enfant, qui lui rappelle de douloureux souvenirs :

Elle se tourna vers la fourgonnette et adressa un signe à l’enfant encore assis à l’intérieur. La portière s’ouvrit et il vit son fils sortir. Alors il poussa un cri et s’élança, puis il s’arrêta et regarda Mma Ramotswe, comme pour obtenir confirmation. Elle hocha la tête et il reprit sa course, trébucha à cause d’un lacet défait, saisit son fils et le pressa contre lui, en hurlant des paroles incohérentes, afin que le village entier, que le monde entier pût entendre sa joie.
Mma Ramotswe retourna à la fourgonnette. Elle ne voulait pas perturber le moment intime des retrouvailles. Elle pleurait, des larmes qu’elle versait aussi pour sa petite fille à elle. Elle se souvenait de cette main minuscule qui avait agrippé son doigt, l’espace d’un si bref instant, en tentant de s’accrocher à un monde inconnu qui s’en allait déjà, si vite … Il y avait tant de souffrance en Afrique qu’on était parfois tenté de hausser les épaules et de s’éloigner. Seulement, on ne pouvait pas faire cela, pensa-t-elle. On ne peut pas.

 

 

Un auteur né au Zimbabwe

Alexander Mc Call Smith est un auteur britannique né au Zimbabwe où il a grandi. On sent à chaque page un amour du continent africain, un rappel sensuel des sons, des couleurs, des parfums. On suit les tribulations de son attachante héroïne d’autant plus facilement que son style est empreint d’un humour tendre et d’un optimisme plein de sagesse. Il alterne avec maîtrise les scènes « d’action », les dialogues, les passages plus contemplatifs et l’émotion.

 

Il a apparemment développé une autre série, les Chroniques d’Edimbourg. Plus brumeuse probablement, aussi jubilatoire je n’en doute pas !