Humans of New York Stories de Brandon Stanton
Avec ce livre s’achève mon cycle d’articles sur les biographies et commence un autre cycle, appelons-le « Work in progress ».
Cet ouvrage est une superbe radioscopie en couleur d’une ville aux millions de visages, c’est aussi une oeuvre qui, entre son début et son achèvement, a évolué en permanence. C’est ce qu’explique Brandon Stanton, photographe, qui a commencé à s’intéresser aux gens qui l’entouraient, sous forme de clichés très réussis, sans effets inutiles. Sa première idée était simple : prendre des photos de gens dans la rue et leur poser des questions. Puis faire un « catalogue » virtuel de ces milliers de new yorkais, avec leur localisation sur un plan.
Humans of New York Stories rassemble donc des photos de new yorkais de tous âges, couleurs, sexes, conditions sociales, accompagnées à chaque fois de phrases de la personne sur elle-même, sa vie. Ces commentaires ne sont jamais banals, il faut du savoir-faire pour amener les gens à se dévoiler en quelques mots. Ce n’est pas à proprement parler une biographie, ce sont des aperçus : en une photo et quelques lignes, des espoirs, des trajectoires, des rêves se dessinent. On se sent proche de ces anonymes, on aimerait discuter avec eux.
Brandon Stanton explique que le projet s’est pour ainsi dire emparé de lui, qu’il a décidé de laisser peu à peu une plus grand place au texte d’accompagnement, puis a choisi de créer un blog dédié à cette vaste entreprise (plus de 10 000 personnes interviewées !), pour que chacun puisse commenter à son tour http://www.humansofnewyork.com/.
Il a ensuite créé un livre qui me rappelle d’une certaine manière le livre de Svetlana Alexievitch, « La fin de l’homme rouge » (ma précédente chronique). Il y a beaucoup de différences entre les deux ouvrages : le sujet, le traitement … mais la motivation est proche : grader une trace, par la création – visuelle et narrative pour Brandon Stanton – d’une réalité qu’on essaie de circonscrire.
It’s colorful, moving, full of life !
Oui, c’est en anglais, il n’a apparemment pas été édité en français. A quand les « Histoires des humains de Paris » ?